166054

(2013) Le Portique 30.

Diderot ou l'art d'écrire

Gilles Gourbin

Les Salons de Diderot figurent sans conteste parmi les plus fameux écrits sur l’art. Bien plus, on a longtemps répété que l’encyclopédiste avait initié la « critique d’art », entendue comme un genre littéraire clairement défini et appelé à une postérité féconde. Or, non seulement Diderot n’est pas l’inventeur du genre, mais le philosophe ne se percevait pas lui-même comme critique d’art. Les Salons, en effet, ne constituent pas une production en marge du corpus philosophique de Diderot ; au contraire, ils s’inscrivent au cœur de l’œuvre générale de ce penseur atypique, en même temps qu’ils en restituent l’image, en prolongent les questionnements, en dévoilent les ambitions et en révèlent la méthode. Pourtant, il n’est pas faux d’affir­mer que les écrits de Diderot sur l’art sont conçus comme une critique des œuvres d’art, singulièrement de celles des peintres, à la double condition d’entendre conve­nablement le sens philosophique que Diderot donne au mot « critique » et de conserver en mémoire qu’écrire, pour le salonnier, ne consiste jamais à parler de la peinture mais, bien plutôt, de s’astreindre à parler peinture.

Publication details

Full citation:

Gourbin, G. (2013). Diderot ou l'art d'écrire. Le Portique 30, pp. n/a.

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