Entre Priscien et Scaliger

quand les grammairiens médiévaux parlent de leurs prédécesseurs

Anne Grondeux

pp. 33-60

Objet de vénération et de méfiance, la grammaire antique est pour les médiévaux la voie incontournable vers la culture profane et vers la langue de l’Écriture. Un auteur est une autorité indépassable, son texte un socle sur lequel se fonde l’enseignement. Cependant les contradictions entre deux autorités du passé, Donat et Priscien, conduisent les maîtres du Moyen Âge à choisir, parfois malgré eux, un auteur plutôt qu’un autre, et ce choix est révélateur des lignes de fracture entre les tenants de la tradition et ceux d’un progrès constant de la connaissance humaine. Le problème se complique dans le cas de Priscien du fait de la légende noire qui en fait un hérétique, au prix d’une confusion chronologique dont le Moyen Âge peine à se débarrasser, et qui rend la tâche difficile à ses commentateurs qui voient leur auteur malmené par la critique. Le recours à l’histoire de la discipline qui affleure de ci de là montre un paysage sans homogénéité réelle, qui recourt parfois à la plus grande fantaisie pour inscrire la grammaire dans l’histoire universelle ou démontrer une maîtrise factice de son sujet, mais qui sait également, lorsqu’il s’agit de l’histoire proche de la discipline, distinguer écoles, traditions intellectuelles et générations, pour mieux cerner les courants doctrinaux qui font débat.

Publication details

Full citation:

Grondeux, A. (2011). Entre Priscien et Scaliger: quand les grammairiens médiévaux parlent de leurs prédécesseurs. Histoire Épistémologie Langage 33 (2), pp. 33-60.

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