De l'élémentaire en philosophie

Jean Montenot

pp. 77-89

II semble aller de soi que tout enseignement d'une discipline se doit de commencer par ses rudiments les plus simples et les plus élémentaires. Toutefois, déterminer l'élémentaire d'une discipline en général, et de la philosophie en particulier, ne va aucunement de soi. L'objet de l'article consiste à montrer que, de ce point de vue, la philosophie n'est peut-être pas dans une position aussi exceptionnelle qu'on pourrait le croire à première vue. En rappelant que les mathématiciens grecs ont eu à se poser ce genre de questions pour l'arithmétique et la géométrie — qui sont pourtant, par excellence, des disciplines d'apprentissage — et en réfléchissant sur les implications philologiques et conceptuelles de la notion de stoicheion, on s'est efforcé de montrer que cette question de l'élémentaire n'est pas propre à l'enseignement philosophique et qu'elle ne saurait pas se réduire à ses enjeux ou ses présupposés idéologiques. Les professeurs de philosophie ne doivent donc pas se formaliser du caractère nécessairement complexe et difficile des questions fondamentales. Il est en outre non seulement possible, mais à bien des égards, nécessaire, de commencer l'enseignement élémentaire par des questions fort difficiles et fort complexes, plutôt que laisser croire en l'existence d'un quelconque b. a.-ba. en philosophie: la réflexion philosophique ne commence vraiment qu'au contact de ce genre de questions, qui ont, par ailleurs, la vertu d'éveiller la curiosité des débutants.

Publication details

Full citation:

Montenot, J. (2008). De l'élémentaire en philosophie. Revue philosophique de Louvain 106 (1), pp. 77-89.

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