De la tolérance au devoir de civilité, ou du pluralisme des idées au pluralisme des personnes

A partir de John Rawls

Michel Delhez

pp. 64-82

Les différentes conceptions du monde ont été à l'origine de bien des conflits. La différence entre elles passait pour l'intolérable. Loin de vouloir les neutraliser, et de songer par là même à l'érection d'un Etat neutre, la démocratie rawlsienne s'entend au contraire à en faire la promotion — à les valoriser. Ce passage de l'intolérance à la promotion est-il sans effet quant à ce qui touche les conceptions elles-mêmes? Ne s'en trouvent-elles pas modifiées? N'est-ce pas un nouveau rapport à autrui qui est ainsi exigé, et donc aussi un nouveau rapport à ce que nous sommes en droit de penser du monde? Nos soi- disant différences ne sont-elles pas en train de s'effacer pour souligner la présence, toujours plus difficile à soutenir, d' autrui en politique? Avec Rawls et son «devoir de civilité» pointe ce qui semble à l'A. être la difficulté: loin de pouvoir croire désormais être les seuls à partager ce qui nous apparaît comme la différence, c'est le rapport à autrui tel que dépeint par Levinas — comme physique indésirable — qui passe à l' avant-scène.

Publication details

Full citation:

Delhez, M. (2000). De la tolérance au devoir de civilité, ou du pluralisme des idées au pluralisme des personnes: A partir de John Rawls. Revue philosophique de Louvain 98 (1), pp. 64-82.

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