Les questions toniques

une forme d'interrogation interpellative

Carole Lailler

Nous nous proposons d’étudier le cas de l’interrogation tonique (questions de type : tu vas où ? Ça coûte combien ? Tu pars quand ? Tu fais quoi ?) à travers le prisme de la « Grammaire Interactive » [Luzzati, 2006], qui présuppose que la morphosyntaxe d’une interrogation dépend directement dans l’esprit du locuteur d’une «réponse escomptée », l’interlocuteur se réservant le droit de produire une réponse effective divergente. Cela revient à se fonder sur la morphosyntaxe des énoncés pour aborder le contenu intentionnel du langage en interaction, à la différence des approches essentiellement planificatrices fondées sur les théories des Actes de Langage [Searle, 1996]. En analysant à partir de cette théorie les variations morphosyntaxiques de l’interrogation temporelle, locative, quantificatrice à travers des corpora, on peut constater que les questions toniques sont certes rares mais qu’elles interviennent, à chaque fois, dans un contexte houleux, proche de la rupture. Outre le versant juridique de la signification du verbe interpeller, il faut donc souligner sa dimension énergique et participative. Lorsqu’une question tonique est posée, le locuteur interpelle directement son allocutaire. La « réponse escomptée » ne concerne pas tant l’objet de la question que le destinataire lui-même. Ce dernier reçoit alors, de manière insistante, une obligation de présence dans le discours, une injonction qui l’oblige moins à réponse qu’à se justifier et à expliciter son attitude.

Publication details

DOI: 10.4000/corela.1688

Full citation:

Lailler, C. (2010). Les questions toniques: une forme d'interrogation interpellative. Corela 8 (HS), pp. n/a.

This document is available at an external location. Please follow the link below. Hold the CTRL button to open the link in a new window.