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(2009) Le Portique 22.

Ouvertures à un concept 

la catastrophe

Christian Godin

L’idée moderne de catastrophe apparaît à la fois en continuité et en rupture avec l’idée mythologique et religieuse d’apocalypse. La catastrophe est l’absolu du risque et de l’accident. Elle représente l’événement dans ce qu’il a de plus monstrueux. Y a-t-il des catastrophes objectives ou bien avons-nous affaire à une notion anthropocentrique liée à notre malheur extreme ? La catastrophe comme radicale discontinuité (tel est son sens formel en mathématiques) est-elle une exception ou bien entre-t-elle dans le cadre de régularités repérables ? Ces deux alternatives engagent deux lignées sémantiques principales : celle du désastre humain et celle de la rupture objective. Alors que Voltaire s’était servi du tremblement de terre de Lisbonne pour contester l’ordre providentiel de la nature, Rousseau fut le premier à désigner l’être humain comme le seul responsable (et pas seulement le seul concerné) de la catastrophe. L’augmentation et l’intensification du pouvoir de la technique sur les milieux naturels et sociaux ont largement confirmé cette intuition de Rousseau. Quant au catastrophisme, il peut être contradicttoirement affectif et stratégique, redoublant ainsi ce que la monstruosité du phénomène peut avoir de terrifiant mais aussi de fascinant.

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