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(2009) Appareil 3.

Le rituel du concert et la question du sacré

Renaud Tarlet

Poser un regard anthropologique sur le concert symphonique amène à le considérer comme un rituel, à savoir comme une pratique collectivement instituée où le groupe s’affirme à lui-même. Ce rituel, l’anthropologie structurale nous a appris à l’appréhender comme la manifestation d’un système symbolique, système de classement inconscient de la réalité porté par la société où il se déroule. Mais si l’appréhension structuraliste offre des outils inestimables pour le replacer dans son contexte social, elle échoue selon nous à pénétrer son sens le plus profond, qui ne saurait se limiter à un acte de classement et d’explication du monde. Ainsi, poser la question de la sacralité dans le concert symphonique nous semble être une piste féconde afin de comprendre que ce rituel, parmi d’autres, permet à la société de projeter ses angoisses dans un en-dehors d’elle même dont elle est créatrice, afin qu’elles lui reviennent porteuses de sens. Dès lors, les modifications du statut de la sacralité dans ce rituel permettraient d’interroger des éléments de crise sociale et de représentations présents aussi, par homologie, dans le discours politique ou dans d’autres sphères de l’activité sociale. Le sacré ne serait donc pas seulement le voile de l’aliénation et de la domination : il serait au contraire indispensable à l’existence de groupes humains. Dès lors, la question de la liberté humaine et de la politique se poserait en termes de régimes plus ou moins critiques, distanciés et réflexifs de la sacralité.

Publication details

DOI: 10.4000/appareil.841

Full citation:

Tarlet, R. (2009). Le rituel du concert et la question du sacré. Appareil 3, pp. n/a.

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