175363

(2010) Philosophia Scientiae 14 (1).

Boole, critique d'Aristote 

la logique de l'élimination du moyen terme

Marcel Nguimbi

pp. 83-125

Il est une actualité de la syllogistique aristotélicienne qui impose encore aujourd'hui les règles de l'argumentation logique dans la production du savoir scientifique. Le moyen terme y régule la structure et la forme du raisonnement — cet ensemble de jugements — élaboré de telle sorte que la conclusion découle nécessairement des prémisses. Chez Aristote, le jugement requiert ainsi une multitude de procédures d'application à la réalité. Or, Boole trouve en cela un problème méthodologique largement négligé par les logiciens et certains historiens des sciences modernes : le problème d'Aristote sur le moyen terme, le moyen terme étant à la fois cause, matière et forme du syllogisme catégorique. Les deux penseurs visent pourtant l'infaillibilité du raisonnement par l'élimination du moyen terme dans les procédures de la recherche de la vérité. Ce qui les divise est à la fois d'ordre méthodologique et de degré. Car, Aristote élimine le moyen terme de la conclusion et selon les lois ultimes de l'objet. Boole, en revanche, élimine le moyen terme du raisonnement symbolique sur la base des lois ultimes de la pensée pure en lui reniant le statut que lui conférait Aristote. Cet article vise à montrer, à la lumière de cette éclipse du moyen terme pour Aristote que, pour Boole, la solution nécessaire au problème d'Aristote est la « théorie générale des signes » qui, elle, consacre l'élimination du moyen terme du raisonnement symbolique. C'est une exigence de la pensée connaissante en ce qu'elle constitue son caractère méta-méthodologique. La théorie générale des signes rendrait ainsi l'actualité de l'aristotélisme plus persistante si tant est qu'il est admis que Boole ne s'en est lui-même pas encore démarqué.

Publication details

DOI: 10.4000/philosophiascientiae.148

Full citation:

Nguimbi, M. (2010). Boole, critique d'Aristote : la logique de l'élimination du moyen terme. Philosophia Scientiae 14 (1), pp. 83-125.

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