Nature et liberté dans l'ontologie fondamentale de Heidegger

De la radicalisation d'une antinomie moderne à l'acosmisme existential

Robert Brisart

pp. 524-552

C'est Merleau-Ponty qui, au seuil de la Phénoménologie de la perception, affirmait que «tout Sein und Zeit est sorti d'une indication de Husserl et n'est en somme qu'une explicitation du natürlichen Weltbegrijf ou de la Lebenswelt que Husserl, à la fin de sa vie, donnait pour thème premier à la phénoménologie». S'appuyant essentiellement sur les textes de Marbourg qui ont entouré la parution de Sein und Zeit, cette étude se propose de montrer pourquoi il est décidément bien difficile de souscrire aux allégations de Merleau-Ponty. A dire vrai, comme le confirme tout un pan de la lecture heideggerienne de Kant à cette époque, l'analytique existentiale du Dasein, dont l'épine dorsale est constituée par la distinction du propre et de l'impropre, procède d'une radicalisation extrême de l'antinomie typiquement moderne de la nature et de la liberté. Et c'est gouvernée par ce schème antinomique qu'elle aboutit à l'idée fondamentalement acosmique d'un être-au-monde sans monde. Car telle est aussi l'idée à partir de laquelle Heidegger entreprend l'élaboration de la question de l'être, c'est du même coup son ontologie fondamentale qui se trouve en porte-à-faux par rapport à l'esprit même de la phénoménologie.

Publication details

Full citation:

Brisart, R. (1990). Nature et liberté dans l'ontologie fondamentale de Heidegger: De la radicalisation d'une antinomie moderne à l'acosmisme existential. Revue philosophique de Louvain 88 (80), pp. 524-552.

This document is unfortunately not available for download at the moment.