Montesquieu et la crise de la rationalité historique

Bertrand Binoche

pp. 31-53

C’est au titre donné à un livre de Voltaire que l’on doit l’expression de « Philosophie de l’histoire » qui devient le thème déterminant de l’Aufklärung allemande. La question de savoir si dans l’histoire tout est objet de doute — Pyrrho-nisme —, si tout y est aussi peu vraisemblable que dans la fable (Descartes), ou si quelque chose est à penser à partir d’une finalité divine (Bossuet) trouve sa véritable problématisation chez Montesquieu, et c’est en ce sens que cet auteur d’une époque antérieure est ici considéré comme le promoteur de la crise des Lumières. Le problème se trouve dans le rapport entre le contrat et le pouvoir paternel, entre loi et mœurs. Et l’histoire est à penser comme maillon où s’enchaînent, dans la tradition, et bientôt dans les traditions, « esprit des lois et esprit général des nations » : « ces mœurs et ces lois que l’on cherche ici. C’est ce divorce qui se trouve ainsi déporté jusqu’au cœur de l’espace théorique inventé par Montesquieu, de la sorte tendancielle-ment organisé par deux lignes de forces contradictoires. La philosophie de l’histoire des Lumières en France, en Ecosse et en Allemagne vit de ce problème (voir B. Binoche, Les trois sources des philosophies de l’histoire (1764-1798), puf, 1994).

Publication details

DOI: 10.4000/rgi.480

Full citation:

Binoche, B. (1995). Montesquieu et la crise de la rationalité historique. Revue germanique internationale - ancienne série 3, pp. 31-53.

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