Une esthétique Pascalienne

Bernard Grasset

pp. 361-384

La question du beau, trop souvent laissée dans l'ombre, occupe pourtant une place décisive dans les Pensées de Pascal. Cette question se déploie selon un double volet: une esthétique explicite et une esthétique implicite. La distinction entre fausse et vraie beauté représente l'axe autour duquel gravite la pensée pascalienne sur l'art. L'esthétique explicite de l'auteur de l'Apologie de la religion chrétienne vise surtout à dénoncer un art de l'ornement, de l'apparence, de l'agrément, de l'extériorité, du divertissement. Cet art, épicurien en quelque sorte, oublie la condition mortelle de l'homme, ignore le Christ. Rejetant l'art de l'immanence, Pascal, passionné par les mots, s'efforce de pratiquer dans les Pensées un art de la transcendance, un art de l'intériorité, du cœur, de l'essentiel, du témoignage. Son esthétique implicite trouve dans la Bible le parfait modèle de la beauté, une beauté inséparable du bien et du vrai. Dès lors la sensibilité picturale, musicale de Pascal, son attention au juste langage, son lyrisme ardent, auront pour finalité d'imiter l'art scripturaire et le Christ qui en représente, à ses yeux, le centre. La caritas, étrangère à la vanitas, mène à la vraie beauté.

Publication details

Full citation:

Grasset, B. (2007). Une esthétique Pascalienne. Revue philosophique de Louvain 105 (3), pp. 361-384.

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