Kierkegaard et Don Juan

Vincent Giraud

pp. 787-811

Les lecteurs de Kierkegaard s'accordent généralement pour voir dans le stade esthétique une simple étape destinée à être dépassée pour un mode plus concret d'existence. L'A. s'efforce ici de montrer qu'une telle optique, pour juste qu'elle soit, est néanmoins réductrice. L'esthétique telle que Kierkegaard la conçoit avec son essai sur le Don Juan de Mozart apparaît moins sous l'angle de l'indigence existentielle que sous celui de la fondation ontologique d'une subjectivité dont la passion est le terme ultime. Vie d'emblée placée sous le signe du multiple, de l'évanescence et de l'imaginaire, Don Juan se présente plus profondément comme incarnant la passion élémentaire qui fait tout l'être du sujet avant que celui-ci ne se détermine comme existence proprement dite. L'appel à la phénoménologie de Michel Henry et à son concept d'affectivité permet à l'A. d'avancer cette thèse selon laquelle Kierkegaard ne conçoit la dialectique des stades que comme s'originant dans une vie pure que Don Juan incarne musicalement, sans pour autant l'accomplir comme existence concrète.

Publication details

Full citation:

Giraud, V. (2006). Kierkegaard et Don Juan. Revue philosophique de Louvain 104 (4), pp. 787-811.

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