Heidegger et la poésie

De "Sein und Zeit" au premier cours sur Hölderlin

Pol Vandevelde

pp. 5-31

Dans Sein und Zeit (1927), la poésie est mentionnée en passant comme un mode de «discours» que l'interprétation phénoménologique peut utiliser comme témoignage. Or, dès 1934, dans le premier cours sur Hôlderlin, la poésie est présentée comme la «langue originaire» à l'écoute de laquelle toute pensée doit se mettre. Une double question se posait: d'une part comment comprendre ce changement radical de perspective? Et d'autre part, 1' eminence dont Heidegger gratifie la poésie en 1934 ne souffre-t-elle plus des carences intrinsèques qu'il y décelait en 1927? En fait, le rapport de la poésie à la langue en 1934 reste englué dans la même duplicité que le rapport entre discours et langue en 1927. La langue reste aussi «secondaire» qu'auparavant, au point que la poésie ne fait pas œuvre: elle n'est que l'écho affaibli d'un tissu plus subtil, de mots «chargés d'orage», selon la formule de Hôlderlin. La poésie n'offre donc aucune résistance à la pensée. Celle-ci peut ainsi se légitimer de ce manque et dire plus clairement (conceptuellement) ce que la poésie ne fait que suggérer.

Publication details

Full citation:

Vandevelde, P. (1992). Heidegger et la poésie: De "Sein und Zeit" au premier cours sur Hölderlin. Revue philosophique de Louvain 90 (85), pp. 5-31.

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