Le danger du néant et la négation selon Proclus

Christian Guérard

pp. 331-354

Dans un passage de son In Parmenidem, Proclus évoque certains Néoplatoniciens prétendant que la théologie négative radicale conduit au néant absolu à cause de l'indétermination de l'imagination, de notre propre impuissance, et qu'il faut ainsi la dépasser par l'affirmation. Il ne peut s'agir de Plotin pour qui ce danger n'existe pas _ l'âme recherchant toujours la détermination _ et qui exhorte à tout nier pour s'unir à l'Un. Ce principe de dépassement de la négation s'avère caractéristiquement porphyrien et, pour Proclus, menaçait gravement l'esprit du Néoplatonisme. C'est pourquoi il lui consacre en fait la très longue discussion de questions «générales» qui suit, dans le Livre VI, l'historique des hypothèses du Parménide; à la fois pour le réfuter et établir la doctrine de hyperapophasis rendant définitivement impossible toute théologie affirmative. Selon lui, la négation «parménidienne» n'est aucunement privative: elle procède de l'un en nous et connaît l'Un. Le néant n'est donc un danger que pour ceux qui sont encore insuffisamment unifiés, et n'apparaît certainement pas avoir été une attirance secrète du Néoplatonisme authentique.

Publication details

Full citation:

Guérard, C. (1985). Le danger du néant et la négation selon Proclus. Revue philosophique de Louvain 83 (59), pp. 331-354.

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