164739

(1998) Philosophique 1.

Apories et origines de la théorie spinoziste de l'idée adéquate

Jean-Luc Marion

pp. 207-239

La raison pour laquelle il y a inadéquation de notre connaissance à la nature des corps extérieurs, mais aussi à celle de notre corps propre ainsi qu'à celle notre esprit, et donc à la nature de notre ego, c'est que nous sommes des êtres finis. Pour Descartes comme pour Spinoza la finitude de notre entendement rend impossible l'adéquation de la connaissance. À la connaissance adéquate, Descartes substitue la connaissance complète : certaine, mais non-absolue, vérifiée, mais seulement provisoire. La mise au jour de cette première origine cartésienne de la théorie spinoziste de l'idée adéquate conduit l'auteur à l'hypothèse suivante : cette théorie accomplirait au sein de la métaphysique rationnelle développée dans l'Éthique la doctrine de la révélation et de la grâce présente dans la pensée théologique chrétienne. Dès lors il met en évidence la correspondance entre la vision béatifique suarézienne et la connaissance adéquate spinozienne, la première anticipant historiquement la seconde, à cette différence près que pour Thomas d'Aquin comme pour Suarez, « c'est la vision béatifique qui commande la connaissance », alors que c'est l'inverse pour Spinoza. Pour l'auteur, c'est le refus de toute création qui a conduit Spinoza à retrouver le modèle théologique de la vision béatifique comme moyen d'accès à la connaissance adéquates des choses et de Dieu.

Publication details

DOI: 10.4000/philosophique.278

Full citation:

Marion, J.-L. (1998). Apories et origines de la théorie spinoziste de l'idée adéquate. Philosophique 1, pp. 207-239.

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