L'exil des affections pures

Anne Devarieux

pp. 139-158

Résumé. — II s'agit d'examiner, dans la pensée de Maine de Biran, la teneur et le sens d'une formule empruntée à Ovide (reprise elle-même par Montaigne et Rousseau): vivit, et est vitae nescius ipse suae («il vit, et il est lui- même inconscient de sa propre vie»). Cet examen fournit le prétexte pour approcher la théorie biranienne de la sensibilité et en particulier le régime des affections intérieures, pures, illocalisables, lesquelles conspirent à former le tempérament sur lequel notre aveuglement est quasi complet, bien qu'elles ne cessent de teindre notre vie consciente, et résonnent dans la vie psychique individuelle. Doit-on parler de scission du sujet biranien? Le problème est de surprendre et dire le passage, la transition. Mais le moi peut-il surprendre sa propre disparition? La formule qu'invente Biran, pour désigner un tel mode d'approche — celle de tact intérieur ou tact affectif — doit être opposée au toucher actif, et il faut comprendre que de la sympathie propre à la vie affective, la musique fournit le modèle.

Publication details

Full citation:

Devarieux, A. (2005). L'exil des affections pures. Revue philosophique de Louvain 103 (1), pp. 139-158.

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