164840

(2008) Philonsorbonne 2.

" Apprendre à voir, apprendre à regarder "

Les deux conceptions de l'apprentissage sensoriel chez Condillac

Marion Chottin

pp. 46-65

Le principal dessein de Condillac dans le Traité des sensations (1754) est de revenir sur la thèse de l’Essai sur l’origine des connaissances humaines (1746) selon laquelle dans la perception, la réflexion s’applique spontanément aux sensations visuelles pour y donner à voir des objets. L’opération de l’esprit avait alors pour fonction de révéler des figures au sein d’une sensation donnée d’abord comme indistincte. L’abbé estime à présent qu’une telle conception de l’apprentissage sensoriel dissimule un préjugé, celui de la naturalité – ou innéité – de cette opération. C’est la raison pour laquelle il estime désormais que la sensation apparaît immédiatement à l’esprit dans toute sa distinction, éliminant la naturalité en supprimant l’utilité d’une actualisation de la sensation. Mais s’il n’y a donc pas lieu d’« apprendre à voir », il est nécessaire d’« apprendre à regarder », parce que la sensation, quoique distincte dès qu’elle advient à l’esprit, ne délivre pas d’elle-même les idées qu’elle contient. Tout en se situant dans la lignée de Locke et de Berkeley, Condillac déploie ainsi dans le Traité des sensations une conception originale de l’apprentissage sensoriel.

Publication details

DOI: 10.4000/philonsorbonne.160

Full citation:

Chottin, M. (2008). " Apprendre à voir, apprendre à regarder ": Les deux conceptions de l'apprentissage sensoriel chez Condillac. Philonsorbonne 2, pp. 46-65.

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