Viollet-le-Duc et Gottfried Semper 

leurs conceptions du patrimoine monumental

Roland Recht

pp. 155-168

La pensée de Semper tout comme celle de Viollet-le-Duc sont toutes deux dominées par le transformisme. Ils considèrent que c’est le besoin qui génère les différentes aptitudes de l’homme à créer, tout entier soucieux de progrès et animé par le sentiment de la liberté. Certes, le modèle idéal est à chercher du côté des Grecs anciens, pour Semper, tandis que Viollet-le-Duc est hanté par l’émancipation laïque dont témoignerait la société du bas Moyen Age. Mais, depuis les arts appliqués jusqu’au monument d’architecture le plus abouti, les œuvres de l’homme révèlent qu’un même modèle s’y exprime à travers une succession de transformations. Ce modèle, Semper le nomme « forme fondamentale » ; Viollet-le-Duc, « loi d’unité » établie sur une structure. L’un comme l’autre subissent l’influence, directe pour Semper, indirecte pour Viollet-le-Duc, de la pensée de Goethe ; l’un et l’autre ont considéré les classifications de Cuvier et sa conception de la reconstitution des créatures animées comme le paradigme de leur approche du monument ancien. L’analyse du style leur permet de remonter le cours de la pensée logique à l’œuvre dans chaque création humaine, aussi modeste soit-elle.Cependant, Semper conçoit l’intervention sur des monuments anciens avec un respect et une prudence que Viollet-le-Duc pourrait lui envier. A ce point de leur pensée, on peut dire que Semper se montre plus moderne que Viollet-le-Duc.

Publication details

DOI: 10.4000/rgi.780

Full citation:

Recht, R. (2000). Viollet-le-Duc et Gottfried Semper : leurs conceptions du patrimoine monumental. Revue germanique internationale - ancienne série 13, pp. 155-168.

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