Esthétique de la contemplation et esthétique de la transgression

À propos du passage de la Religion au Savoir Absolu dans la "Phénoménologie de l'Esprit" de Hegel

Ephrem-Dominique Yon

pp. 549-571

L'art, chez Hegel, se présente souvent comme un « avoir été » (gewesen), lié au passé, englué dans les indépassables limites de la configuration sensible. Il recouvrirait donc une situation périmée, et devrait être abandonné au profit d'une expression plus conforme au verbe vivant de l'esprit absolu, qui ne peut s'effectuer qu'en se posant dans un type d'objectivité en constante processivité, en transgression. Pourtant, le Savoir Absolu n'est pas le repli d'une subjectivité autonome ou la suffisance d'une transparence à soi négatrice de tout contenu; le Savoir Absolu se présente bien, dans la Phénoménologie de l'Esprit, comme retour à l''immédiateté « étant-là », non plus figée dans son apparaître fascinant, mais conforme au mouvement même qui la pose dans l'être, « opération propre du soi ». Si donc l'esthétique se trouve fréquemment dévaluée chez Hegel, parce qu'elle se caractérise par son attachement à « l'âge visionnaire », le Savoir Absolu fait plus que de proposer à l'investigation de nouvelles possibilités pour une esthétique de la transgression. À vrai dire, les deux aspects doivent être également pris en compte; la distanciation qu'exige l'attitude contemplative est la condition même de l'expressivité du beau; mais un procès de transgression prendrait en compte tout à à la fois la promotion d'être et la promotion de destin de l'acte poétique, dans le jeu de ses incessantes métamorphoses.

Publication details

Full citation:

Yon, E. (1976). Esthétique de la contemplation et esthétique de la transgression: À propos du passage de la Religion au Savoir Absolu dans la "Phénoménologie de l'Esprit" de Hegel. Revue philosophique de Louvain 74 (24), pp. 549-571.

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