Worringer ou Fiedler? Prolégomènes au problème Worringer-Kandinsky

Emmanuel Martineau

pp. 160-195

À l'occasion de la publication simultanée d'un vigoureux et savant plaidoyer de Philippe Junod « pour une nouvelle lecture de Konrad Fiedler » et de sa propre traduction française d'Abstraction und Einfühlung de Wilhelm Worringer, l'auteur est amené à comparer et à opposer deux types d'esthétique « psychologique » toutes deux venues d'Allemagne au virage du XIXe et XXe siècle : l'une, d'inspiration « gnoséologique » et « poïétique », sollicitant les notions de vision et de « faire », l'autre, plus « abstraite » et « affective », articulant le Kunstwollen de Riegl à un Weltgefühl d'origine probablement schopenhauerienne. Mais par-delà cette polarité intérieure à l'histoire d'une discipline à l'identité encore mal déterminée, la problématique et la polémique anti-aristotéliciennes de Ph. Junod, d'une part, la célébrité de l'opuscule de Worringer, d'autre part, réclament qu'on se demande, au-delà même de ces pages, en se tournant vers le passé, puis vers l'avenir : 1) quelle est la « situation » d'Aristote par rapport à ces tendances opposées de l'esthétique moderne?; 2) le problème de l'« influence » (à peu près certaine) de Worringer sur Kandinsky ne déborde-t-il pas l'histoire littéraire pour déboucher sur une question historialement plus décisive: celle de la succession d'une « esthétique » abstraite à l'« époque » des esthétiques aristotéliciennes ou aristotélisantes?

Publication details

Full citation:

Martineau, E. (1979). Worringer ou Fiedler? Prolégomènes au problème Worringer-Kandinsky. Revue philosophique de Louvain 77 (34), pp. 160-195.

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