Réflexions sur la théorie aristotélicienne des quatre causes

Jacques Follon

pp. 317-353

La théorie des quatre causes est l'une des doctrines fondamentales de la physique et de la métaphysique d'Aristote. Celui-ci l'a élaborée à partir d'une analyse, non seulement des opinions des philosophes antérieurs, mais aussi du langage ordinaire relatif au pourquoi des choses. Après avoir dominé la science des derniers siècles du moyen âge, cette théorie aristotélicienne a fait l'objet des plus vives critiques de la part des philosophes modernes, tels que Bacon, Descartes et Spinoza, qui s'en sont particulièrement pris à la cause finale. Hume alla encore plus loin qu'eux, en s'attaquant à la notion même de cause. Cependant, la conception moderne de la cause, entendue comme une chose possédant la «vertu» de produire un effet, n'est pas la conception propre à Aristote. Pour celui-ci, en effet, une cause est un facteur expliquant l'existence d'une chose telle qu'elle est. Une fois précisé ce sens, la théorie des quatre causes devient alors beaucoup plus acceptable. Même la cause finale, qui reste l'objet des critiques de maints savants ou philosophes contemporains, doit être invoquée pour expliquer, non seulement les productions de l'art ou de l'industrie des hommes, mais aussi celles de la nature vivante et même l'ordre du cosmos comme tel. C'est ce que sont amenés à reconnaître, à la suite d'Aristote et de Leibniz, et à l'encontre des partisans inconditionnels du mécanisme, bon nombre de biologistes et même de physiciens d'aujourd'hui.

Publication details

Full citation:

Follon, J. (1988). Réflexions sur la théorie aristotélicienne des quatre causes. Revue philosophique de Louvain 86 (71), pp. 317-353.

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